Par GB,PM. Le 08 mai 2023.
Au début du chemin de fer, l’espacement des trains est assuré par des agents appelés ‘’gardes’’. Les circulations sont peu nombreuses, les gardes présentent au mécanicien des trains un drapeau ou une lanterne à feu rouge pour l’arrêt, un drapeau ou une lanterne à feu vert pour l’ordre de ralentissement. La présentation d’un drapeau vert ou rouge roulé signifie Voie Libre. De nuit, présentation du feu blanc d’une lanterne pour la voie libre.
Le signal d’arrêt drapeau rouge est présenté pendant cinq minutes après le passage du train pour interdire toute circulation. L’espacement entre les trains est basé sur »l’espace-temps ».
Les hommes sont progressivement remplacés par des signaux mécaniques à partir de 1845 (voir dossier Docrail « Le disque rouge »).
Avec l’augmentation du nombre de circulations, la distance entre les gares ou les postes est découpée en cantons pour augmenter le débit des lignes. L’espacement est effectué par la distance (longueur du canton). L’entrée de chaque canton est protégée par un nouveau signal, inspiré de la position du bras du garde.
Ce nouveau signal est implanté sur un mât et comporte une aile rouge barrant la voie en position fermée, elle est abaissée le long du mât en position verticale pour la voie libre.
Associé pour observation de nuit à des feux:
-Un feu rouge et un feu vert sur une ligne horizontale pour l’arrêt.
-Un ou deux feux blancs, Voie Libre.
Le feu vert est justifié pour présenter l’indication ralentissement. L’aile est alors inclinée à 45°. Tous les réseaux n’adopteront pas cette information.

Le réseau du Paris Orléans, n’applique pas cette réglementation pour la couleur des feux:
-Arrêt un feu rouge.
-Voie Libre le feu vert.
Communication entre garde.
Chaque canton est gardé, mais le garde doit savoir si le train précédent est arrivé à la fin du canton. Pour communiquer entre gardes certains réseaux installent le télégraphe entre les postes ou les gares ou un système basé sur des appareils électriques répétiteurs d’information:
-Sur la compagnie de l’Ouest à partir de 1847 le système Regnault est mis en place.
-Sur le PLM à partir de 1852, c’est le système Tyer Jousselin avec cadran répétiteur. Première mise en application pour la traversée du tunnel de Blaisy-Bas. A la fin du 19ème siècle, la section Paris-Marseille longue de 862 km comporte 233 postes sémaphores. L’aile est montée sur une colonne en fonte. Une seule lanterne avec verre unique coupé en deux dans le sens vertical présente les couleurs vert et rouge.
Ces deux systèmes de communication connaitront de nombreuses améliorations pour augmenter le débit des lignes grâce au progrès techniques et à l’électricité.
La compagnie du Nord développe un signal en 1875, l’électro sémaphore Lartigue sur la section Saint-Denis / Creil. Ce signal est dû à la collaboration de deux ingénieurs de la Compagnie du Nord Mrs Lartigue et Tesse avec Mr Prud’homme.
C’est un signal double, deux ailes, une pour chaque sens de circulation, montées sur un même mât de très grande hauteur pour être visible dans les deux sens de circulation même si un train stationne devant. L’aile est en forme de raquette ajourée et peinte en rouge. Ce signal est généralement placé immédiatement à côté du bâtiment voyageurs ou du poste.

Dans certaines situations, en pointe d’une bifurcation, les sémaphores sont superposés. Chaque aile correspondant à une direction.


Dans un premier temps, les réseaux de l’Est et du PO puis d’autres réseaux après (sauf le PLM et le Midi) installent le sémaphore Lartigue sur leurs sections de lignes.

Le code de 1885.
La guerre de 1870 mit en évidence les nombreuses diversités de signaux et de réglementations. Après plusieurs études et commissions, un code des signaux est fixé par l’arrêté ministériel du 15 novembre 1885.
L’article 16 du code de 1885 définit le sémaphore:
Signal destiné à maintenir l’intervalle nécessaire entre les trains.
Le bras sémaphorique peut occuper trois positions:
-Horizontal: Arrêt.
-Incliné à 45° vers le bas: Ralentissement.
-Vertical: Voie Libre.
Pour observation de nuit:
-Un feu rouge et un feu vert: Arrêt.
-Un feu vert: Ralentissement.
-Feu blanc: Voie Libre .
Le Paris Orléans (PO) adopte cette nouvelle signalisation et le feu blanc pour signifier le Voie Libre.
Le réseau de l’Est met en service en 1918 un sémaphore avec une aile inspirée des raquettes Lartigue, l’axe de rotation est reporté au centre de l’aile.

Ce même réseau met en service en octobre 1922 sur la section Chelles-Vaires, en remplacement de l’électro-sémaphore Lartigue, le sémaphore de couverture de block Est.
Ce signal comporte une aile en tôle pleine, de forme trapézoïdale, peinte en rouge et coupée au tiers de deux bandes blanches verticales. Il a un double rôle celui d’arrêt des trains pour espacement et de couverture des trains arrêtés au signal en aval. A l’ouverture l’aile est inclinée à 70° environ. Pour observation de nuit, deux lanternes donnent un feu rouge à gauche et un feu mi-rouge et mi-vert à droite en position fermée. En position d’ouverture, deux feux blanc indiquent le Voie Libre. La manœuvre de l’aile est assurée par un moteur électrique Klein.


En 1912, le Paris Lyon Méditerranée implante des mâts treillis avec une aile par face de chaque côté du mât selon le principe du sémaphore Lartigue. L’aile rectangulaire est en tôle pleine et peinte en rouge. Une variante avec une seule aile existe aussi.

Réseau Alsace Lorraine.
La signalisation équipant ce réseau est d’origine germanique, aile sémaphorique blanche à liséré rouge, Il présente:
-A la fermeture une aile horizontale et un feu rouge pour observation de nuit.
-A l’ouverture une aile levée à 45° vers le haut et feu vert pour observation de nuit (Voie Libre) selon les règles des chemins de fer allemands depuis 1907.

Signaux lumineux.
Les réseaux de L’ETAT et du Paris-Orléans (PO) sont les premiers à mettre en service, en 1922, une signalisation lumineuse de jour comme de nuit, sous forme de panneaux lumineux. Ils emploieront ces panneaux lumineux pour le block automatique dès 1923. Les couleurs utilisées pour les signaux mécaniques sont reprises. Voie libre : Feux blanc, Carré: Deux feux rouges, Sémaphore: Feux rouge et vert, Annonciateur: Deux feux vert.

-Deux feux du haut, deux feux rouges carré.
-Deux feux du milieu, rouge à gauche et vert à droite sémaphore.
-Deux feux du bas, deux feux blanc voie libre.
Les deux feux au centres du panneau sur une ligne verticale, deux feux vert signal Annonciateur futur avertissement en code Verlant.
Le signal mécanique derrière est annulé par une croix de St André. La Garenne Bezons années 20.
Nous reviendrons sur cette signalisation spécifique, développée pour le block automatique dans un prochain dossier Docrail.
Le code Verlant de 1936.


Le code Verlant conserve le sémaphore pour l’espacement des trains. L’aile est rouge avec une bordure blanche.
Pour observation de nuit, les feux présentent:
-Un feu rouge pour l’arrêt. Aile à l’horizontale en position fermée en signalisation mécanique.
-Un feu vert pour le Voie Libre. Aile abaissée ou verticale en position ouverte en signalisation mécanique.

Le réseau d’Alsace Lorraine (AL) par dérogation adapte sa signalisation au code Verlant à partir de juin 1938. Il faut attendre l’édition de 1951 pour que la signalisation ex AL soit incorporée dans le Règlement de sécurité Titre I signaux.



Les régions mettent en place cette nouvelle réglementation avec plus ou moins d’harmonisation.

-La région Ouest ex ETAT remplace à partir de 1945, les ailes des sémaphores Lartigue par des ailes dont la partie rectiligne est en tôle emboutie.

-La région Sud-Ouest, par des ailes sous la forme de raquette pleine.


Après la seconde guerre mondiale la SNCF unifie les signaux mécaniques et lumineux.





Suite à la mise en service de signaux unifiés, de nombreuses ailes sémaphoriques de type régional sont remplacées par des ailes unifiées rectangulaires.



